Histoire de la dentelle à Bayeux

Bayeux se situe dans une région dentellière réputée … Alençon, Argentan, Caen, Courseulles, Villedieu les Poêles … où musées et ateliers sont ouverts au public. Bayeux est particulièrement réputée pour sa dentelle aux fuseaux, mais la dentelle à l’aiguille y fut aussi pratiquée.

Affiche du groupement des associations dentellières et musées de la Dentelle présents en Basse-Normandie

La dentelle aux fuseaux est apparue à Bayeux et dans sa région avec l’arrivée des sœurs de la Providence à la demande de Mgr François de Nesmond, dans la seconde moitié du XVIIème siècle. À la fin de ce siècle, on fait état de trois manufactures de dentelles à Bayeux : St Malo, l’Hôpital-Général et la Charité. Au XVIIIème siècle, la fabrication de la dentelle aux fuseaux se développe et des fabricants s’installent à Bayeux (Sr Guyard puis Sr Clément…).

Au début du XIXème siècle, à Bayeux, les fabricants importants sont : Tardif (successeur de Clément) et Jean-Delamare avec Mme Carpentier (sa sœur) qui deviendra fabricante de dentelles de S.A.R. Madame la Dauphine. En 1829, elle cède sa fabrique à M. Augustin René Lefébure qui continuera à la développer, à réorganiser et à relancer toutes les prestigieuses dentelles normandes aussi bien dans le domaine des dentelles aux fuseaux (« Blonde de Caen », « Chantilly », « Dentelle de Bayeux », …) que dans le domaine des dentelles à l’aiguille (« Point Colbert », « Point d’Alençon », …).

En 1867, il transmet la direction de sa maison à ses fils Ernest et Anatole qui poursuivront son œuvre. On leur doit notamment la renaissance du « Point d’Argentan » en dentelle à l’aiguille.

Au XXème siècle, c’est la disparition des dernières activités économiques de la dentelle de Bayeux, à partir des années 1950. Seule subsiste jusque dans les années 1970, l’école de dentelle de Bayeux animée par une ancienne maîtresse dentellière, Madame Friteau (Meilleur Ouvrier de France 1955).

La dentelle dite « de Bayeux » est une dentelle réalisée aux fuseaux. La dentelle aux fuseaux est répandue de la Haute à la Basse-Normandie, avec une concentration déterminante dans la région de Caen et de Bayeux, plus dynamique tant au plan de la création dentellière que de l’importance des manufactures qui ont fait sa réputation internationale. Les matières employées sont le lin, la soie, et plus tard le coton, surtout en période de crise d’approvisionnement.

La dentelle de Bayeux présente un dessin figuratif à dominante de décors floraux, avec des motifs architecturaux tirés de l’ornementation classique : perles, rais de coeur, godrons, feuillages stylisés (acanthes, palmettes,…) coquilles, vasques, entrelacs. Élaborée à partir des dentelles qui se fabriquaient dans la région de Paris et de Chantilly, la « Dentelle de Bayeux » a pris véritablement forme dans la seconde moitié du XVIIIème siècle pour devenir un style à part entière au XIXème. Ainsi apparaît-elle officiellement lors des grandes expositions notamment expositions universelles. Elle s’inspire alors fortement de l’image affirmée alors par les dentelles à l’aiguille d’Alençon et d’Argentan (modes des pointignans).

La dentelle de Bayeux utilise différents points dont notamment la grille, la grille Cantille, la toile et  le mat, le fond vitré, le fond chant, le fond Alençon, les pointignans. Elle peut également présentée des effets, ainsi dans les dentelles « ombrées » on note une inversion des points : les remplis deviennent des fonds et inversement.

Eventail ancien en dentelle de Bayeux

La dentelle à l’aiguille originaire d’Italie fit son apparition en Normandie sous  Colbert (ministre des finances du roi Louis XIV) avec la création de manufactures Royales notamment à Argentan.

À l’époque Empire, la mousseline, la dentelle de soie et blonde prennent de plus en plus de place, ce qui entraîna l’anéantissement quasi complet de la dentelle à l’aiguille.

Mais sous le Second Empire, la fabrication de la dentelle à l’aiguille fut retrouvée à Bayeux au sein de la maison Lefébure qui excella dans le genre point de Venise appelé « le Point Colbert », en hommage au ministre de Louis XIV.

Pour en savoir plus :

  • L’histoire de la dentelle à Bayeux, écrit en 1913 par Ernest Lefébure, réédition Conservatoire de la Dentelle de Bayeux (disponible à la vente dans la boutique du site).
  • Article « Le point d’Argentan, technique et histoire », par Brigitte Tambrun dans la revue Artefact (lien disponible dans le menu « Presse »).